Comme en littérature, le jazz suédois a ses prix, grands et petits. Le printemps, en particulier, est rythmé par l'annonce de ces récompenses plus ou moins confidentielles. Cette année, c'est au tour de Bengt Hallberg de recevoir, pour l'ensemble de son oeuvre, l'un des prix du genre les plus prisés du royaume, la bourse Lars Gullin. Lequel Gullin joua avec Hallberg sur ses premier (1951) et dernier (1976) disques. Parlez de continuité. L'un au piano et l'autre au sax baryton s'apprêtaient à écrire des chapitres entiers de l'histoire du jazz suédois et contribuer à ce qu'il est devenu aujourd'hui.
Né en 1932 à Göteborg, sur la côte Ouest, Hallberg composa des arrangements dès l'âge de 13 ans. Quatre ans plus tard, il enregistrait son 1er disque avec un autre futur grand nom du jazz local, Arne Domnérus (alto). Certains des meilleurs musiciens américains, de passage dans le nord de l'Europe, jouèrent avec lui, de Stan Getz (sur le disque "Dear old Stockholm") à Clifford Brown. Pour parfaire la légende vivante - Bengt Hallberg vit encore à Uppsala, retiré des claviers -, Miles Davis aurait dit de lui qu'il était un de ses pianistes favoris...
Même si une partie de l'oeuvre de Hallberg que j'ai entendue sonne un peu trop classique à mes oreilles, son style au piano est très raffiné. "Un Teddy Wilson en plus moderne", résumait récemment Lars-Göran Ulander lors de son rendez-vous radiophonique hebdomadaire, Jazzit. Il y a sans doute aussi du Lenny Tristano dans l'approche détachée du Suédois (pour plus de détails, cet article d'All About Jazz).
S'il était donc ouvert aux courants charriés vers l'Europe par le Gulf Stream, Hallberg a, tout comme Lars Gullin, "construit sa musique sur de solides fondamentaux suédois, avec un attrait prononcé pour le romantisme national", est-il expliqué dans les "attendus" du prix décerné au pianiste. Et c'est ça qui m'intéresse le plus, ces racines locales, celles que je voudrais explorer sur ce blog.
A bientôt 78 ans, Bengt sortira temporairement de sa retraite, entamée en 2001, pour recevoir son prix en juillet, lors du traditionnel concert à la mémoire de Lars Gullin, qui aura lieu dans une église de Gotland, l'île où il naquit en 1928. A un journal local, il a confié envisager de rejouer à l'occasion, même s'il laisse planer le doute, sa femme étant gravement malade. Ce serait dommage d'y renoncer.
Bertha la Paix. Extraits (4): Avec le gratin pacifiste
Il y a 5 mois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire